dimanche 22 mars 2009

Un garçon parfait, d'Alain Claude Sulzer

En quoi ce garçon est-il parfait ? Ce Jacob, venu d’Allemagne pour travailler dans un palace en Suisse, sur le bord du lac de Brienz, va en tout cas susciter les passions : celle d’Ernest, tout d’abord, homme solitaire et renfermé, parfait sans doute lui aussi à sa manière, puis celle du grand écrivain Julius Klinger, homme plutôt hautain et sûr de lui, peu soucieux de dévoiler ses plus secrets désirs à son public et à sa famille. Sous son apparente perfection, Jacob ne s’embarrasse pas de scrupules et, à force de non-dits et de doubles jeux se préparent les ingrédients du drame. Et le drame aura lieu, bien sûr ; issu du silence, il retournera au silence. Tout en nuances et en demi-teintes, le récit d’Alain Claude Sulzer est fait de multiples retours en arrière, d’images qui se télescopent, pour offrir au lecteur, sans jamais juger ni prendre parti, un vrai moment de littérature, c’est-à-dire un questionnement angoissé sur le mystère des corps et des cœurs, l’étrangeté de toute existence et l’impossibilité, peut-être, de trouver la beauté ailleurs que dans les mots censés l’exprimer. Alain Claude Sulzer est une sorte de Marcel Proust trempé dans l’existentialisme et qui nous ferait partager le désenchantement de sa propre mémoire. Paradoxalement, ses personnages un peu guindés peuvent nous apparaître comme des figures de la postmodernité. La litote serait-elle une figure majeure de notre futur littéraire ?

Aucun commentaire: