Plus d’un écrivain français est fou d’Amérique. Philippe Besson en fait partie. Le Grand Sud le fascine, c’est comme s’il y avait vécu, et l’on sent à chaque page de « la trahison de Thomas Spencer » que cette histoire de deux amis jumeaux par la date de naissance, que les tragédies de l’Amérique (mais pas seulement elles) finiront par séparer, lui tient à cœur comme si elle était la sienne propre. Oui, on est presque dans l’autobiographie d’un écrivain français devenu américain par pure passion.
Et ce qui rajoute encore à cette sensation d’authenticité, ce sont les « petits faits vrais », les notations sur le vif, les remarques frappantes d’exactitude dont l’auteur émaille chaque page. Pourtant, le style n’est pas très littéraire, un peu trop journalistique à mon goût. On se laisse tout de même prendre à l’intelligence et à la vivacité qu’il déploie. On se plaît assez dans ce livre. D’où vient alors qu’il ne m’ait pas transporté complètement ? D’un décalage, sans doute : Philippe Besson écrit trop propre, trop net, trop tranchant. Son narrateur américain aurait, pour ainsi dire, attrapé les bonnes manières de la bourgeoisie suisse. Les écrivains américains du « deep South » nous avaient habitués au crade, au vulgaire, au désespéré… à côtoyer des personnages « à qui rien ne pouvait plus arriver ». Pas suffisamment « destroy », Philippe Besson ne nourrit pas complètement nos attentes et l’on émerge légèrement frustré de son livre.
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