samedi 21 mars 2009

La trahison de Thomas Spencer, de Philippe Besson

Plus d’un écrivain français est fou d’Amérique. Philippe Besson en fait partie. Le Grand Sud le fascine, c’est comme s’il y avait vécu, et l’on sent à chaque page de « la trahison de Thomas Spencer » que cette histoire de deux amis jumeaux par la date de naissance, que les tragédies de l’Amérique (mais pas seulement elles) finiront par séparer, lui tient à cœur comme si elle était la sienne propre. Oui, on est presque dans l’autobiographie d’un écrivain français devenu américain par pure passion.

Et ce qui rajoute encore à cette sensation d’authenticité, ce sont les « petits faits vrais », les notations sur le vif, les remarques frappantes d’exactitude dont l’auteur émaille chaque page. Pourtant, le style n’est pas très littéraire, un peu trop journalistique à mon goût. On se laisse tout de même prendre à l’intelligence et à la vivacité qu’il déploie. On se plaît assez dans ce livre. D’où vient alors qu’il ne m’ait pas transporté complètement ? D’un décalage, sans doute : Philippe Besson écrit trop propre, trop net, trop tranchant. Son narrateur américain aurait, pour ainsi dire, attrapé les bonnes manières de la bourgeoisie suisse. Les écrivains américains du « deep South » nous avaient habitués au crade, au vulgaire, au désespéré… à côtoyer des personnages « à qui rien ne pouvait plus arriver ». Pas suffisamment « destroy », Philippe Besson ne nourrit pas complètement nos attentes et l’on émerge légèrement frustré de son livre.

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