mardi 24 avril 2018

Les Loyautés, de Delphine de Vigan

   Théo et Mathis, lycéens, entretiennent ce que l'on appelle une amitié toxique. Ils s'isolent pour boire, beaucoup, jusqu'à perdre connaissance, jusqu'à ce que leur lien avec l'école menace de se rompre. Mais ils sont aussi reliés à leurs parents, à leurs professeurs. Chacun a son histoire, ses souffrances, ses préoccupations, mais chacun est en lien avec les autres. Si la mère de Théo est "larguée", son père, sans emploi, dépressif, est reclus dans un appartement sordide et le garçon ne veut pour rien au monde que ses amis soupçonnent sa détresse. Cécile, la professeur, n'a guère de vie sentimentale et en souffre. Elle prend fait et cause pour Théo, bien au-delà de ce qu'exigerait son statut d'enseignante.

    Ce sont donc des fils que la romancière tend et noue. La romancière et elle seule. Chaque personnage parle par sa bouche et cela se sent sans doute un peu trop. Aucun d'eux ne parvient à exprimer sa personnalité à travers un style, des idées, des images qui ne seraient qu'à lui. Et là réside sans doute le côté frustrant de ce roman : une réelle élégance s'y paie d'un excès de distance. On reste sur l'impression d'un livre écrit un peu trop rapidement. L'écrivaine aurait-elle été saisie par la crainte de s'engager ? Cela ne lui ressemble pas, pourtant, et gageons qu'il n'en sera pas ainsi dans son prochain livre.