samedi 26 août 2017

L'Abdication, mais de qui, de quoi ?

   Trop longtemps, j'ai délaissé mon blog "littéraire", au profit d'impressions romaines. Ce ne sont pas pourtant les lectures qui m'ont manqué. Même, en dépit de mon projet d'écrire sur Rome et de l'impératif de se documenter qui l'accompagne, je n'ai pas cessé de lire de la fiction, bien que les événements politiques de ces derniers mois m'aient aussi porté plus qu'à l'accoutumée vers des essais supposés éclairer les transformations politiques et sociales que nous vivons.

  De politique, il est question dans la chronique-pamphlet d'Aquilino Morelle intitulée "L'Abdication" et dont le bandeau précise "Comment en est-on arrivé là ?".

  Qu'est-ce que ce "là" ? Evidemment, un Hollande démissionnaire avant même d'avoir renoncé, perdu pour la politique et que la politique a perdu, laissant derrière lui une France déboussolée, sans perspective, destinée en toute logique à faire un grand virage à droite, mais dont une frange se prend encore à rêver d'une grande fraternité bâtie sur le retour de vieux mythes solidaires débouchant sur l'instauration d'un revenu universel ou d'un repli sur soi au nom d'un anticapitalisme qui repeindrait le drapeau tricolore aux couleurs du bolivarisme.

   Aquilino Morelle a-t-il été partie prenante de ce "là" ? Tout le livre est bâti sur une seule idée : lui, Aquilino Morelle, conseiller de ce prince républicain, est un pur, il n'avait pour idée et pour ambition que de défendre les humbles. Il avait participé à l'écriture du discours du Bourget (ce qui nous vaut de longues dissertations au sujet du "droit moral" qu'il pourrait revendiquer sur tel ou tel passage, à l'encontre de certains de ses collègues qui se sont attribué indûment la paternité de tel ou tel passage... comme on le voit, notre auteur et ex-conseiller a l'esprit d'équipe chevillé au mental), le sens de son séjour à l'Elysée ne pouvait être que d'en permettre la mise en oeuvre.

  Et non d'en profiter pour se faire cirer les chaussures à des prix exorbitants. Mauvaises langues, qui ont prétendu voir dans ce conseiller si bien placé au "Château" (il y occupait la chambre d'Eugénie, qui fut le bureau présidentiel de Giscard) un fétichiste des grolles ! D'ailleurs, sachez-le, bonnes gens, cela n'arriva qu'une fois, et parce que notre homme était pressé. Ce qui, bien évidemment, revient à prendre ses lecteurs pour des imbéciles.

  La caractéristique d'Aquilino Morelle semble être de posséder une bonne conscience inébranlable. Il est dans son bon droit, le président qu'il est supposé servir et de qui il tient son titre est, quant à lui, dans l'erreur. François Hollande est en effet un libéral (au sens français) honteux, qui a bâti toute sa carrière sur un socialisme auquel il ne croit pas. Son mandat de Président de la République lui a permis après quelques semaines de tomber le masque et de devenir ce qu'au fond il a toujours été. Dès lors, il ne pouvait que se débarrasser - lâchement et non sans tergiversations - de ce conseiller devenu trop encombrant.

  Le problème est que Hollande, bien plus qu'un libéral, est un hésitant qui ne veut vexer personne. Décider n'est pas son fort ; il se laisse bien plus facilement porter par les événements. Les observateurs raillaient à juste titre sa mollesse. Peut-être avait-il besoin d'un conseiller loyal et de confiance qui sache l'aider à surmonter ses défauts. Avec Aquilino Morelle, il a eu un égotiste vantard imbu de sa propre image. Cela n'a pas dû l'aider beaucoup, même si cela n'a sans doute pas suffi à précipiter sa chute.

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