Constance Debré porte un nom célèbre et un prénom "connoté". De naissance, elle appartient au côté des puissants, des riches, de ceux qui n'ont qu'à se faire connaître sous leur nom pour que les portes s'ouvrent ou que les gendarmes vous laissent partir sans vous ennuyer davantage.
Mais il se trouve qu'elle en a assez. Car elle s'ennuie, voyez-vous. Elle ne sait faire, en gros, que deux choses : plaider et conduire. C'est elle qui le dit. Ce n'est déjà pas si mal. Elle se lance dans l'écriture (en fait, elle a déjà, plus jeune, publié deux livres) pour accompagner un profond changement. D'abord, elle en a assez de la caste à laquelle elle appartient. A laquelle elle n'appartient pas tout à fait, d'ailleurs, puisque ses parents n'ont pas vraiment intégré les codes usités dans le reste de la famille : toxicomanes, ils ont parfois vécu une existence difficile, tourmentée, jusqu'à la misère. Et dans ce cas, la famille ne vous aide guère.
La fille, elle, décide d'envoyer promener les bonnes manières. Elle fait sa crise d'adolescence à la quarantaine. Plaider ne l'intéresse plus guère. Elle largue son mari qui l'a trompée avec la stagiaire (est-ce la vraie raison ? une tromperie, de nos jours...). Elle se met à écrire comme une banlieusarde, achève pas mal de ses phrases par un "ta race" qui fleure bon son 9-3. Et elle devient homosexuelle, selon un parcours qui lui fait d'abord rencontré Agnès, prof bobo, puis une bizarre petite jeune femme surnommée Albert (allusion à l'Albertine de Proust ?), puis une troisième. Son coeur, ou plutôt son corps, balance entre l'une et l'autre, sans compter l'ex-mari qui un beau soir s'invite inopinément dans son lit, sans que lui vienne à l'idée de "balancer son porc".
Constance Debré pratique le style cash, frénétique. Phrases et paragraphes courts, expressions qui claquent, à l'image des humeurs et des envies de la narratrice : changeantes, retournables. On est dans la littérature Snapchat. Une postmodernité où l'on ne fuit pas les sentiments. Ce sont eux qui ont fui. Il y a le désir et ses intermittences, rien d'autre. C'est probablement typique de l'époque : un peu vide. Pas vraiment superficiel, puisque c'est l'idée même de profondeur qui a disparu. On sort de ce livre affamé d'authenticité. Je sais bien, c'est ringard.
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