samedi 11 juillet 2009

Béguin, de Cécile de la Baume

C’est lors d’un déjeuner plutôt mondain que j’ai eu connaissance de ce livre. L’auteur est, paraît-il, une parente de la famille Stern (celle du banquier dont l’assassinat a récemment défrayé la chronique judiciaire). Elle a signé ce premier roman d’un pseudonyme, mais a écrit d’autres livres sous son vrai nom, un patronyme bien connu dans les milieux de la banque et à Genève. Traçabilité assurée en consultant internet à partir d’une simple interrogation sur Google.

Ce livre, ma commensale en parlait comme d’un texte scandaleux, usant de certains mots si crus qu’elle-même en ignorait la signification. Quoi de mieux pour piquer une curiosité livresque, masculine et, qui plus est, temporairement helvétique ?

En fait, s’il est vrai que ce roman évoque sans fioritures le désir féminin, son véritable sujet est tout autre : c’est celui de la possibilité même d’une histoire d’amour, lorsque l’élan du désir et les choix de vie des partenaires forment un puzzle dépareillé. Amélie a beau découvrir avec David une manière d’être désirée qui la flatte et lui fait aimer plus qu’elle ne l’a jamais fait son propre corps, elle se rend très vite compte que tous les moments passés à ne pas faire l’amour avec David – et ces moments seront de plus en plus nombreux si leur liaison s’ « installe », se développe jusqu’à ne plus guère se différencier de la conjugalité « officielle » - sont pour elle marqués par l’ennui et par l’impossibilité d’une authentique complicité. Il n’y a pas de désamour, puisque ce n’est pas de sentiment qu’il est question ; mais la relation se distend et cherche des prétextes – du même ordre que ceux de l’époux infidèle qui ment à son conjoint – pour en arriver à une rupture que le pur hasard d’un dégât des eaux précipitera. Sans le dire et sans peut-être le savoir, Amélie n’a pas tout à fait renoncé à chercher de la profondeur dans un monde chosifié.

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