dimanche 21 décembre 2008

La Bible de néon, de John Kennedy Toole

Je n’avais pas du tout apprécié « la Conjuration des imbéciles ». Il arrive quelquefois que les conseils de lecture d’amis déforment votre perception d’un livre ; en l’occurrence, on m’avait raconté que la Conjuration était un livre puissamment drôle, du genre qu’on lit en se tapant sur les cuisses. Et, tout au long de la lecture, je n’avais senti que la tristesse et le déchirement de la misère et de la déchéance. J’en suis resté à cette déception, qui n’aurait peut-être pas dû en être une.

Avec la Bible de néon, pas d’idée préconçue. Récit du Sud des Etats-Unis, écrit par un tout jeune auteur de seize ans à peine, c’est un regard naïf mais jamais puéril porté sur une société où les tensions sociales et raciales sont rendues encore plus oppressantes par l’ordre moral et religieux et par l’effet de vase clos qui caractérise une toute petite communauté. L’histoire de la Tante Mae, chanteuse vieillie et déchue, vient se mêler à la vie difficile et douloureuse des parents de David, le narrateur ; et John Kennedy Toole réussit le tour de force de convoquer le pathétique sans sombrer dans le mélodramatique. La scène finale de la mort de la mère et du meurtre du pasteur est tout simplement magnifique, digne des plus grands moments de McCullers, autre auteur du « sud profond » que j’ai lue il y a bien des années déjà et qui m’a laissé un souvenir très marquant d’ambiance en décomposition.

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