vendredi 6 juin 2008

D'une identité finlandisée

Ce n’est pas une grammaire, pas même tout à fait un livre sur la grammaire (comme pouvait l’être celui d’Orsenna). Ce n’est pas non plus un roman finnois : l’auteur écrit en italien, et le texte français est passé par la plume de Danièle Valin, qui avait déjà si magnifiquement fait traverser les Alpes aux romans d’Erri De Luca.

Pourtant, tout tourne autour de la Finlande. Car ce marin accidenté, amnésique, sans papiers, recueilli et soigné presque mourant à Trieste pendant la Seconde Guerre Mondiale, pourrait bien être issu de ce Pays nordique. Un vêtement trouvé près de lui est un indice qui va dans ce sens.

Et voici donc notre homme expédié en Finlande pour y récupérer son identité perdue. L’état civil ? Beaucoup de Finlandais portent le même nom que lui ; comment voulez-vous vous y retrouver sans date de naissance, sans prénom ? La langue ? Avec ses quinze flexions, son étrange syntaxe et ses sonorités qui évoquent un monde peu pénétré par l’homme, elle demeure difficile d’accès. Et, du coup, l’amour, l’amour possible et révélateur de soi-même s’échappe lui aussi. Dans ce récit en forme de journal intime viennent s’insérer, en contrepoint, les notes et remarques formulées par le médecin qui a recueilli et soigné le marin amnésique. Cette quête identitaire est donc sujette à un regard double, ce qui autorise davantage encore d’interrogations et de doutes. La plus petite conviction est sujette à remise en cause, l’identité s’avère insaisissable… A quoi pouvons-nous, humains, nous raccrocher ? A la littérature, sans doute, en tout et pour tout.

Petite grammaire finnoise, de Diego Marani

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