dimanche 2 novembre 2008

Les Juifs, le monde et l'argent

C’est un très gros livre, très bien documenté, parfois caractérisé par la simple accumulation de faits bruts pas nécessairement significatifs, mais à d’autres moments porté par une vraie dynamique. On se demande où Jacques Attali trouve le temps de rassembler une telle documentation ; je suppose qu’il doit avoir une équipe de collaborateurs, que pourtant il ne prend pas soin de remercier, ce que je trouve un peu regrettable. Mais ce n’est pas essentiel.

Mon ami MC m’avait conseillé ce livre pour l’importance de son sujet et son caractère d’actualité, tout en se montrant assez critique quant à la dernière partie, qui traite à la fois du rôle majeur qu’ont joué les Juifs pour faire du monde contemporain ce qu’il est et du devenir de l’Etat d’Israël, menacé par ses ennemis territoriaux et par l’effacement progressif de l’identité judaïque dans la diaspora.

Sur le devenir d’Israël, on connaît Attali et sa propension à imaginer des scénarios parfois assez loufoques, mais toujours stimulants. Il a le mérite aussi d’affirmer haut et fort que l’Etat d’Israël doit désormais, pour vivre en paix, compter avec un Etat palestinien qu’il s’agit de constituer et qui doit enfin devenir une démocratie.

Sur le rôle des Juifs dans l’histoire contemporaine, Attali a sans doute raison sur le plan des faits. Mais, alors qu’il ne nie pas l’extrême diversité des conditions et des situations des Juifs de par le monde et à raison de leur origine, de leur éducation et de leur place dans la société, il tend à leur prêter une sorte de vision du monde bien à eux, qui se traduirait par une spécificité de leur influence sur les affaires humaines. Je crois que c’est un peu artificiel.

C’est la limite de ce livre d’Attali : il est manifestement assez orienté. De temps en temps, l’historien se laisse aller à son propre sentiment et sa plume dérape, l’espace de quelques phrases. On pourrait en relever un certain nombre d’exemples, qui doivent inspirer au lecteur une certaine réserve sans toutefois jeter la suspicion sur l’ensemble de l’ouvrage.

Mais il y a au moins un point sur lequel l’auteur mériterait d’être contredit frontalement : lorsqu’il affirme que le peuple juif serait (à cause de son nomadisme, nous dit-il) l’inventeur du monothéisme. Peut-on légitimement rejeter Akhénaton dans les oubliettes de l’Histoire ?

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