mardi 3 mars 2009

Le premier principe, le second principe, de Serge Bramly

Tout corps au contact du froid se refroidit, il tend à adopter la température de son environnement. L’entropie des systèmes fermés augmente. Bizarrement, Serge Bramly a adopté pour titre de son livre deux règles qui ne débouchent sur aucune production possible d’énergie. Des règles stériles.

Puis il nous entraîne vers la rencontre hautement improbable de plusieurs personnages : un Narrateur-espion mal identifié (profession oblige), d’autres membres de la sécurité extérieure, un photographe inculte et névrosé, brusquement propulsé au premier plan de la célébrité, des hauts fonctionnaires, la Princesse Diana et le Premier Ministre Beregovoy. Ces deux derniers ne sont jamais nommés. Peut-être les caractéristiques de ce roman-qui-pourrait-être-vrai a empêché l’auteur tant de les désigner par leur vrai nom que de les affubler d’un pseudonyme : chacun sera ainsi responsable pour soi-même de les avoir identifiés. Fin de non-recevoir à tout procès possible en diffamation. Au fil de l’intrigue, les personnages se rapprochent les uns des autres, ils se rencontrent et l’on en vient ainsi à nous montrer comment un certain Premier Ministre ne s’est peut-être pas suicidé (la thèse n’est pas neuve) et comment Lady D a bien été victime, en fait, d’un paparazzi – mais pas de celui qui la poursuivait.

La France construit des armes, les vend et cela suppose une bonne dose de cynisme, y compris, à l’occasion, d’armer à la fois la rebellion et le Gouvernement officiel dans quelque Pays africain où, de toute manière, les potentats sanguinaires se succèdent les uns aux autres. Ç’aurait pu être du John Le Carré : économe, tranchant, renvoyant le lecteur à sa faculté de réfléchir et de spéculer. C’en est presque, mais en beaucoup plus bavard, ce que je n’ai cessé de regretter tout au long de ma lecture. La Mort de Lady D, au début du livre, cette femme qui écoute son corps mourir en croyant qu’elle demeure en vie, est carrément interminable. Le livre reste au-dessous de la cote d’amour qu’on aimerait pouvoir lui décerner. Voulant epeut-être trop expliquer, il peine à nous emporter. Nous croyons pourtant sans peine que les coups tordus qu’il raconte – ceux-là ou d’autres, pas plus jolis à voir – peuvent parfaitement avoir existé.

Aucun commentaire: